- BASES MILITAIRES STRATÉGIQUES
- BASES MILITAIRES STRATÉGIQUESBASES MILITAIRES STRATÉGIQUESSi le développement des empires coloniaux a nécessité, à proximité des grandes routes de navigation, la création de points d’appui dont les fonctions étaient à la fois militaires, techniques (facilités de réparation) et économiques (approvisionnement des équipages et commerce indigène), il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir s’édifier de véritables bases stratégiques aux fonctions exclusivement militaires.Plusieurs centaines d’importantes installations militaires américaines, britanniques, canadiennes et françaises furent développées à la périphérie de l’Union soviétique dans le cadre de la doctrine du containment . D’autres le furent comme symboles de sécurité, garants des liens et outils de contrôle entre la métropole et les territoires d’outre-mer.La dissémination de ces bases avait plusieurs fonctions : contrôler les accès des différentes flottes de la marine soviétique vers les eaux chaudes, multiplier les couloirs de pénétration en cas d’opérations aériennes et balistiques offensives visant le sanctuaire soviétique (frappes tous azimuts), faciliter l’accueil pour les unités déployées dans le cadre d’opérations antiguérilla impliquant des pays alliés à Moscou et garantir une présence militaire alliée permanente dans des zones politiquement instables ou possédant une importance stratégique.L’U.R.S.S. développa durant la même période quelques installations et facilités extérieures (Libye, Égypte, Cuba...) sans jamais atteindre l’importance et la sophistication américaines, l’Union soviétique étant avant tout une puissance continentale aux ambitions européennes.Dès la seconde moitié des années 1970, le nombre de bases s’est progressivement réduit à la suite des effets conjugués des instabilités régionales et des prises de position nationalistes de certains pays hôtes. L’augmentation de portée des missiles stratégiques américains (Poséidon, Trident), lancés à partir de sous-marins, l’amélioration de l’autonomie des grands groupes aéronavals et le développement des capacités de ravitaillement en vol et en mer permettront aussi de s’affranchir partiellement de certaines installations outre-mer.Depuis la fin de la confrontation Est-Ouest, le phénomène de réduction du nombre d’installations militaires stratégiques hors du sanctuaire national est allé en s’amplifiant. Dès 1990, les États-Unis ont commencé à planifier la fermeture progressive de centaines d’installations militaires de toutes catégories à l’étranger, que ce soit en Europe, en Corée du Sud, en Australie, au Canada et au Japon. Les différentes annonces de réduction d’activités ou de fermetures de bases dans le monde viseraient, en 1994, plus de huit cents installations américaines à l’étranger (dont 773 en Europe).Aux contraintes budgétaires imposant de limiter le coût des déploiements matériels et humains outre-mer s’ajoute le nouveau cadre stratégique caractérisé par l’augmentation importante des délais d’alerte, ce qui a pour effet de réduire les besoins en dépôts de matériel avancés localisés en Europe. En outre, les exigences du Congrès américain en matière de partage du fardeau avec les Alliés conduisent à une réduction du budget du Pentagone et, consécutivement, au retrait partiel de troupes et à la fermeture de bases, celles qui sont localisées outre-mer en priorité. Enfin, le retrait des armes nucléaires tactiques américaines des bases étrangères a entraîné la fermeture de bon nombre de dépôts spéciaux.L’objectif reste — et devrait rester plus encore à l’avenir — le maintien de quelques grandes bases (Diego Garcia, Guam...) et facilités (Açores, Naples...) dans le cadre d’une stratégie associant le déploiement permanent de navires logistiques pour le soutien à des opérations d’intervention dans le Sud.
Encyclopédie Universelle. 2012.